HISTOIRE

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LORRAINE LIMOUSIN FAMILLE DE JEANNE D'ARC
HISTOIRE des MONNAIES PASSEPORT et LIVRET OUVRIER 
CARTES D'ALIMENTATION (1914-1918 et 1940-1949)

RÉGION ADMINISTRATIVE du LIMOUSIN

Le Limousin actuel constitue la partie Nord-ouest du Massif central. Il est formé des anciennes Provinces de la Marche (au Nord) et du Limousin (au Sud). Il comprend les départements de la Corrèze (Tulle) au Sud, la Haute-Vienne (Limoges) au Nord-ouest, et la Creuse (Guéret) au Nord-Est.
Peuplé dès l'époque Néandertalienne, le Limousin reçut plusieurs flux migratoires au Néolithique, qui ont laissé de nombreux dolmens et menhirs. Avant notre ère il a vu passer au VIIe siècle des Celtes de Hallstatt se rendant en Espagne, avant de recevoir les Ligures, Ibères et Aquitains au VIe siècle, suivis au IVe siècle par des Celtes de la Tène. Vinrent ensuite les Lémovices (Gaulois), dont le territoire correspond assez au Limousin (à qui ils donnèrent leur nom), puis eut lieu la conquête romaine en 51 avant JC, qui fut assez douce dans la province ; les Lémovices envoyèrent de puissants renforts à Vercingétorix durant le siège d'Alésia.
Christianisé à partir du IIIe siècle, le Limousin fit partie de l'Aquitaine Première, avec Limoges (Augustoritum) comme principale cité. Il vit passer les invasions barbares, puis devint Comté au VIIe siècle avant d'être un peu oublié jusqu'au IXe siècle, époque durant laquelle il fut dévasté par les Normands (plus dangereux pour les abbayes que pour les paysans), puis il fut divisé en Vicomtés de Limoges, Aubusson, Bridiers, Comborn, Rochechouart, Turenne, et enfin agrandi de la Seigneurie de Ventadour.

La Province de la Marche fut formée au 10e siècle aux dépens du Limousin et du Poitou, sa frontière Sud passant juste au Nord de Limoges. Elle devint Comté frontière du Limousin, et correspondait au département actuel de la Creuse, de la moitié Nord de la Haute-Vienne (région de Bellac), ainsi que de quelques cantons de la Vienne et de la Charente. Charroux devint sa première capitale. Le Comté comprenait la Haute et la Basse Marche.

Les Marches étaient des Provinces frontières, chargées de défendre l'intérieur des possessions royales. Selon les aléas dynastiques et militaires, les rois de France, et avant eux Rome, constituèrent ces Provinces frontières, celle de la Marche étant devenue nécessaire à la suite de la situation de l'Aquitaine et du Limousin.

COMTÉ de la MARCHE

"L’époque la plus assurée est qu’Audebert de Charroux possedoit cette Comté & ne laissa qu’une fille unique qui fut mariée avec Hugues de Lusignan, fils de Hugues le Brun. Par ce mariage la Comté de la Marche entra dans la maison de Lusignan, où elle a resté jusques en I307, que Guy de Lusignan alors Comte, étant malade à Poitiers, fit un testament, par lequel il légua la Comté de la Marche à Philippe le Bel, Roy de France, qui en disposa ensuite en faveur de Charles de France, qui obtint du Roy Philippe le Long son frère des Lettres Patentes, par lesquelles cette Comté fut érigée en Pairie, avec tous les honneurs & prérogatives dûs aux Pairs de France.
Charles devenu Roy, par la mort de Philippe, fit un échange de sa Comté Pairie de la Marche avec la Comté de Clermont , appartenante à Louis de Bourbon, par acte du 27 décembre I327.

Depuis cet échange, la maison de Bourbon a possédé cette Comté, jusqu’à Eleonore de Bourbon, fille & unique héritière de Jacques , qui par son mariage avec Bernard d’Armagnac, lui en transféra le titre & la possession, & ensuite à Jacques d’Armagnac leur fils. Jacques d’Armagnac, Comte Pair de la Marche, fit plusieurs dons & concessions aux Habitans de la Ville de Guéret & à quelques autres Villes & lieux de sa dépendance ; mais ayant été accusé de crime de lèze-Majesté, il fut condamné par des Commissaires du Parlement assemblez à Noyon par commission du Roy Louis XI à avoir la tête tranchée, avec confiscation de sa Comté de la Marche qui par ce moyen revint une seconde fois à la Couronne.

Le Roy Louis XI disposa de cette Comté Pairie en faveur d’Anne de France sa fille, mariée à Pierre de Bourbon, Seigneur de Beaujeu, dont il vint une fille nommée Susanne, qui épousa Charles de Bourbon, lequel ayant les titres de Duc de Bourbonnois & d’Auvergne. Anne de France, Comtesse de la Marche, ayant survêcu Susanne sa fille, elle fit des dispositions par lesquelles elle fit passer ladite Comté Pairie de la Marche en la personne dudit Charles de Bourbon son gendre; mais celui-ci s’étant mal comporté & ayant pris les armes contre le Roy il fut poursuivi comme criminel de lèze-Majesté, & par Arrêt de l’an I527 ses biens furent confisquez au profit du Roy, qui par sa déclaration du 22 septembre I53I reünit à perpetuité à sa couronne la Comté Pairie de la Marche, & elle n’en a plus été désunie." (cf Coutumes de la Province et Comté Pairie de la Marche, 1764)

Pays pauvre, malgré les manufactures de tapisseries et de draps grossiers, la Marche souffrit longtemps de la turbulence de sa noblesse, qui fut souvent réprimée par la royauté.

La Haute-Marche, dont Guéret devint la capitale au 15e siècle aux dépens de Charroux, dépendait de la Généralité de Moulins, et comportait deux enclaves : La Souterraine, dévolue au Limousin, et Bourganeuf, dévolue au Poitou. Elle s'agrandit au 13e siècle de la Vicomté d'Aubusson.

La frontière entre le parler d'oïl (Français, Normand, Picard, Orléanais, Bourbonnais, Champenois, Lorrain, Poitevin, etc.) et le parler d'oc (Limousin, Auvergnat, Gascon, Languedocien, Provençal, Catalan, etc.) se situait au nord de Guéret ; le droit coutumier et le droit écrit se chevauchaient plus ou moins.

La Basse-Marche, dont Bellac fut la capitale avant d'être supplantée par Le Dorat au XVIIIe siècle (laquelle était le chef-lieu de la sénéchaussée depuis 1572), était partagée entre les Généralités de Limoges et de Bourges.

La Marche et le Limousin faisaient partie des "pays redîmés" qui avaient versé une somme forfaitaire unique lors de l'introduction en 1340 de la Gabelle, impôt sur le sel, dont ils se trouvaient de fait exonérés.  

COMTÉ du LIMOUSIN

Le Comté du Limousin, relevant d'Aliénor d'Aquitaine, entra dans le Royaume anglo-angevin en 1152 avec l'Aquitaine, mais fut occupé par les troupes françaises de 1204 à 1259, puis de 1286 à 1360. En 1360 le Limousin fut rendu à l'Angleterre pour être aussitôt reconquis dès 1374. Il fut, durant cette période de la Guerre de Cent ans, pillé régulièrement par les Anglais.

Sa position, disputée par les deux royaumes, aboutit à une certaine indépendance de fait de la Province. Elle devint une Généralité, ayant Limoges comme chef-lieu.

Les habitants parlaient le Limousin, dialecte roman provençal parlé jusqu'à l'Auvergne (langue d'oc), les troubadours au 13e siècle lui donnant ses lettres de noblesse. Il évolua ensuite en Haut et Bas Limousin.

La Vicomté de Limoges fut intégrée au royaume en 1607. Seules la Vicomté de Turenne et la Seigneurie de Ventadour conservèrent leurs privilèges jusqu'au 18e siècle.

C'est au 18ème siècle (1767) que fut mise au jour au sud de Limoges un gisement d'argile (le kaolin) servant à fabriquer la porcelaine, qui fit la prospérité de la ville.

En 1791 le Sud de la Province devint le département de la Corrèze, et le Nord-ouest celui de la Haute-Vienne, agrandi de la Basse Marche.

Département de la Creuse

Le département de la Creuse est situé au Nord de la Corrèze et à l'Est de la Haute-Vienne (Limoges) ; il est formé de la Haute Marche, et de quelques parties des Limousin, Poitou, Berry, Bourbonnais et Auvergne. Il est traversé de part en part par la Creuse sur un axe Sud/Nord-ouest passant par Felletin et Aubusson au Sud et par l'Est de Guéret. Le Sud du département est couvert de montagnes qui prolongent les monts d'Auvergne et du Limousin, succession de croupes arrondies séparées par de profondes coupures. Le climat s'en ressent et est généralement froid et humide avec des variations brusques, les pluies sont abondantes au printemps, les hivers sont longs et rigoureux et enneigés plusieurs mois. Le sol est pauvre. La moitié Nord est très vallonnée, les villages sont situés sur les hauteurs.

La Creuse vivait de l'élevage (porcs et agneaux, beurre et oeufs), des tapisseries d'Aubusson et de Felletin, des papeteries de Bourganeuf, et de la fabrication de sabots ; mais c'est surtout grâce à ses innombrables maçons, dont la plupart partaient chaque année au printemps travailler dans toute la France, bâtissant les cathédrales, et rentrant passer l'hiver dans leurs familles avec leurs maigres économies, que les familles des villages survivaient, et ce depuis le 12ème siècle. Ils s'étaient spécialisés dans le gros oeuvre et le "limousinage", maçonnerie de moellons et de mortier. L'arrivée du chemin de fer au tout début de la seconde moitié du 19ème siècle et le besoin de maçons et plâtriers pour les chantiers du baron Haussmann à Paris transformèrent cette émigration saisonnière en exode définitif de la population, qui chuta de moitié entre 1850 et 1950.

Les Monts de Guéret constituaient la frontière linguistique entre les langues d'Oc et d'Oïl, mes ancêtres Creusois sont originaires de l'extrême Nord de la Creuse, à la limite de l'Indre et donc de la région Centre, et deux branches viennent du Sud de l'Indre et du Cher. Ils parlaient donc le Roman puis le Français. Des trois départements de l'actuelle région du Limousin, seul le Nord de la Creuse parlait la langue d'oïl.

L'alphabétisation fut tardive et faible, moins d'un tiers des jeunes gens savait lire et écrire en 1830. De 1850 à nos jours la Creuse est passée de 300.000 à 120.000 habitants.