FAMILLE
CARAYON-DUCHÊNE
ANECDOTES FAMILIALES |
La Cellette (Creuse)
Une histoire de voisinage, 1776
Cette anecdote met en scène comme témoins Jacques Poirer et son gendre Pierre Poirier, deux de mes ancêtres directs.
"Enquête civile par Silvain Pelletier, bailly et juge ordinaire de la justice et châtellenie de La Cellette, à la requête de François Aubrun, meunier du moulin banal de La Cellette, et Silvaine Auclair, sa femme, demeurant ensemble au moulin de La Cellette, contre Marguerite Boussange et Pierre de Villeveix, son mari, laboureur au village de Lépinas."
"Jacques Poirier, 66 ans, laboureur à Lépinas, dépose que le 28 juillet 1774 il se trouvait dans une terre où l'on liait du blé seigle pour Pierre de Villeveix, ledit Aubrun y étant aussi pour lever et percevoir la dîme, et le déposant pour lever et percevoir le terrage; le déposant était assis sur une gerbe de blé avec ledit Aubrun.
Ladite Boussange dit audit Aubrun qu'il était un quoquain ou malheureux qui laissait traîner sa mère aux portes, et qu'elle allait chercher son pain.
Ledit Aubrun lui répondit que ce n'était point de ses affaires, que sa mère vivait de son bien, et lui du sien.
Ladite Boussange a dit audit Aubrun qu'il était un cornard, que Malassigné avait besé sa femme, et que Giraud avait renfermé ledit Malassignie avec ladite Auclair dans la cave dudit Aubrun, et que ledit Aubrun avait battu et maltraité ledit Giraud à cette occasion, et que ladite Boussange avait dit plusieurs autres invectives audit Aubrun.
Pierre Poirier, ancien soldat de milice, actuellement laboureur, âgé de 30 ans, demeurant au village de Lépinas, dépose que le même jour ladite Boussange a dit audit déposant devant la porte de sa maison et à l'instant même qu'elle venait d'avoir dispute avec ledit Aubrun, que ledit Aubrun était un cornard et que sa femme était affichée à la porte de l'église de Nouziers à six livres, que ceux qui voulaient la baiser pour six livres étaient les maîtres, que Giraud l'avait enfermée dans la cave dudit Aubrun avec Malassignie, et que ledit Malassignie avait joui d'elle, et que à cause de cela ledit Aubrun avait maltraité ledit Giraud si fort qu'il en avait fait des ordures dans sa culotte en répétant que ledit Aubrun était un cornard, un coquain, et que sa mère traînait aux portes avec de mauvais habits.
Martin Alasoeur, couvreur, âgé de 50 ans, demeurant à Lafat, dépose qu'il n'a aucune connaissance des faits.
Jeanne Eteve, fille de Denis laboureur, âgée de 18 ans, demeurant en la métairie de Fongeraud, dépose que le même jour elle moissonnait du blé dans une terre dépendant du domaine de Fongeraud, elle entendit la voix de ladite Boussange qui se fâchait beaucoup, et qu'elle disait audit Aubrun qu'il était un genre de cornard et elle ne put pas distinguer autre chose.
Marie Amichaut, femme de François Laborde, maçon, âgée de 54 ans, demeurant aux Sauvages de Genouillac, dépose qu'elle a ouï dire par ladite Boussange plusieurs fois que la femme dudit Aubrun était une coquine et une putain, que ceux qui voulaient la baiser pour six livres étaient à même."